mercredi 9 juillet 2014

Les écrits de Julie { 3 } Désespoir

 Désespoir



 Un énième bout de papier atterrit dans mes cheveux ; j’entends des rires moqueurs derrière moi. Comme d’habitude, je ne dis rien, me contentant de l’enlever pour le fourrer dans ma trousse. Devant nous, le prof fait son cours comme si de rien n’était : il ne remarque même pas le chahut que font les autres. J’ai envie de croire qu’il réagira à la fin du cours.
  Un espoir futile, hélas. 
  « S’il y en a encore un, je le dis au prof. »
  Je ne sais pas s’il fait exprès de rester sans réagir, mais ce serait gros, tout de même. Un prof n’est-il pas censé maintenir le calme dans sa classe ?
  Et hop, une petite boule trempée – de salive – arrive sur ma table.
  « Non, s’il y en a encore un, cette fois je le dis. »
  Je fais comme si de rien n’était, pourtant j’ai mal. Très mal. Je suis impuissante ; je n’ose même pas me retourner. Pitoyable, n’est-ce pas ? Je ne sais pas me défendre – je n’ai jamais su me défendre. De toute façon, si je leur disais d’arrêter, ils se moqueraient de moi et continueraient de plus belle, alors à quoi bon ?
  Quelque chose se brise en moi lorsque je sens des baskets passer sur mon manteau. « Bande de dégueulasses ! » ai-je envie de crier. Pourtant, je ne le fais pas. Je n’ose pas. 
  « J’attends encore un peu… »
  Maintenant, c’est de la colère, que je ressens. Je ne leur ai jamais rien fait. Je suis timide, discrète, pas vraiment jolie, intelligente – différente d’eux, en fait. C’est peut-être pour cela qu’ils me harcèlent. Mais si c’est le cas, où va-t-on ? Moi, au moins, je me différencie des autres. 
  Apparemment, cela les gêne. 
   Un énième bout de papier atterrit dans mes cheveux ; j’entends des rires moqueurs derrière moi. Bon sang comme j’ai envie de me lever, de renverser la table, et de leur montrer ma haine !
  « J’attends encore… »
  La sonnerie retentit enfin ; je n’ai rien fait. Pour une fois, je sors la première du cours et, dès que j’ai trouvé un coin libre dans le couloir, je me laisse tomber sur le sol et je pleure.
  « C’est trop tard maintenant, je le dirai la prochaine fois. »
  © 
  #Autobiographique

6 commentaires:

  1. Super texte (comme toujours :) ) ! La situation ne m'est jamais arrivée mais l'envie de les envoyer bouler, les dénoncer et de ne pas le faire finalement, oui. Effectivement, ça me rappelle quelque chose...

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    1. Merci ♥ Et le plus malheureux dans tout ça, c'est que je (on) ne l'ai jamais dit...
      Julie

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    2. De rien <3 Vous nous en aviez parlé, je me souviens comment on avait poussé à essayer de le dire.

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  2. Un lundi, en cours de latin... Impossible à oublier. Je ne les ai jamais détestés plus qu'à ce moment-là. Pourquoi ?
    Parce que le "Je" est valable autant pour Julie que pour moi.

    Émilie

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    1. Sont vraiment cons les gens -' Ils ont que ça à faire...

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    2. Ouais. --' Contente de ne plus les revoir en seconde.

      Émilie

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