Trompée
J’ouvre lentement les yeux, pour les refermer aussitôt, aveuglée par la lumière
du soleil. Je tâtonne à côté de moi, mais ne trouve rien.
Premier signe.
Pourtant, hier soir, quand je me suis
couchée, je n’étais pas seule : Jake, mon amant, était avec moi. Alors pourquoi
ne l’est-il pas en ce moment-même ?
Je me lève péniblement, m’étire, puis enfile
la chemise de nuit, roulée en boule sur le sol, que j’ai certainement dû retirer
la nuit dernière au milieu de nos ébats. Je me rends dans la cuisine, où je
trouve un post-it collé sur la table : Jake m’explique qu’il est parti plus tôt
pour aller au travail. Je fronce les sourcils. Il m’a pourtant assuré qu’il ne
prenait qu’à midi, aujourd’hui. Le doute commence à s’insinuer en moi,
doucement, tel un poison.
Second signe.
Soudain, j’avise un vase, posé sur le plan de
travail. Dedans, il y a des roses, mais on dirait qu’elles y ont été déposées à
la va-vite : certaines sont l’une sur l’autre, d’autres pendent mollement sur le
côté. Dans l’eau, il y a même un petit papier tout chiffonné ; je le saisis, le
déplie et, même si l’encre a bavé, je sais ce que c’est : un ticket de
caisse.
Troisième signe.
Telle une automate, je vais vers la fenêtre
puis écarte lentement les rideaux. Et là, que vois-je ! Assis sur un banc juste
en face de mon immeuble, avec une autre sur les genoux, Jake. Il est
reconnaissable entre mille, avec ses cheveux blonds en bataille et sa chemise
blanche – la même qu’il portait la veille. Il est en train d’embrasser une
fille, rousse, apparemment, ses mains baladeuses caressant son
dos.
Une partie de mon cœur se déchire alors que
je les contemple. J’ai honte, j’ai mal, je suis en colère. Et dire que j’ai
laissé cette… cette ordure me séduire ! Avec un geste rageur, je soulève toutes
les roses du vase, me piquant les doigts au passage, puis les brûle à l’aide
d’un briquet où mes larmes se fondent.
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